Étude : la sortie de crise vue par les DRH

Étude : la sortie de crise vue par les DRH

Reprise économique, emploi, télétravail, liens au sein du collectif, dialogue social... comment les DRH voient-ils la sortie de crise?

L’Association nationale des DRH (ANDRH) a mené une étude nommée « Crise, emploi, dialogue social : les attentes des (D)RH », publiée le 8 juin 2021, pour répondre à cette question.

Dans le cadre de cette consultation, l’association a interrogé 270 décideurs RH, tous adhérent.e.s de l’ANDRH, entre le 11 mai et le 4 juin 2021.

Retour sur les résultats de cette étude.

LES APPRENTISSAGES DE LA DERNIÈRE ANNÉE

L’année 2020 a apporté son lot de défis aux entreprises.

Le passage au télétravail généralisé a, par exemple, permis à de nombreux employé.e.s de déménager en dehors des grandes villes, mettant en péril certains processus mis en place par leurs entreprises.

« Avoir à se réorganiser très rapidement dans un contexte inédit a été un réel défi pour toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, explique Jessika Terrier, responsable grands comptes chez SIGMA-RH. De pouvoir rapidement faire évoluer leurs services aux salariés, mettre à disposition des logiciels et leur donner accès à leurs compteurs de congés, par exemple, ou à un canal de communication avec les managers et la direction... cela n’a vraiment pas été simple. »

Comme le note l’ANDRH, 30% des répondants disent avoir été confrontés à des demandes de salariés ayant déménagé nécessitant l’adaptation de leurs conditions de travail.

Un décideur interrogé explique même que « On a parfois été mis devant le fait accompli », alors qu’on « demande au collaborateur de venir 3 jours par semaine sur site. »

Toujours à propos du télétravail, plus de la moitié des personnes interrogées (54%) disent avoir eu à créer ou mettre à jour l’accord de télétravail de leur entreprise.

Ces évolutions ont également appelé au réaménagement des sites de travail. Avec souvent moins de journées passées sur place, les entreprises ont pris la décision de réduire la taille des bureaux.

COMBLER LES BRÈCHES LAISSÉES PAR LA CRISE

Maintenant que le pic de la crise est derrière les entreprises, elles doivent désormais combler les fossés laissés derrière elle.

En premier lieu, il faudra reconstruire le lien dans les collectifs de travail.

Toujours selon l’étude, 39% des décideurs RH considèrent que les liens au sein de leurs équipes sont distendus, voire en danger (3%).

Un décideur interrogé ajoute que la pandémie a amené un « renforcement du phénomène de silos. L'intérêt/les enjeux du collectif sont moins perçus. »

Pour régler ce problème, beaucoup d’entreprises se tournent vers des activités en équipe, comme des moments conviviaux communs (75%), des animations sur site et activités de teambuilding (35%) ou encore des séminaires (34%).

Ces activités permettront aussi aux entreprises d'amener, doucement mais sûrement, un retour sur site pour les équipes.

Si pour près de la moitié des décideurs interrogés, l’été rimera encore avec télétravail (31% des décideurs visent 2 jours de télétravail par semaine, 16% en visent 1 par semaine), la rentrée, elle, sera synonyme de retour à la vie d’ « avant ».

En effet, pour 23% des interrogé.e.s, le 1er septembre sonnera le retour au 100% présentiel en entreprise.

Selon un des décideurs interrogés pour cette consultation, « le lien est plutôt bon mais on ressent une certaine hâte à pouvoir retrouver une vie commune en présentiel plus importante. »

Une opportunité pour les entreprises de resserrer les liens et de retrouver la connexion perdue pendant la pandémie.

DU POSITIF DANS CETTE ANNÉE HORS DU COMMUN

Toutefois, notons que cette crise aura également apporté des changements positifs au sein des équipes.

Pour 55% d’entre elles, la crise a amené leur organisation à faire évoluer leur culture managériale.

Certaines évolutions de cette culture seront par ailleurs gardées au sein des entreprises.

Les réunions en visioconférence, par exemple, seront maintenues à l’issu de la crise dans les entreprises de 78% des interrogés.

Le tout, ancré dans une stratégie de digitalisation globale et généralisée.

« La digitalisation a été amorcée dans plusieurs entreprises depuis déjà plusieurs années (les grandes entreprises particulièrement). Auparavant secondaire pour les ETI et les PME, elle devient aujourd’hui stratégique, voire nécessaire, pour ces entreprises, continue Jessika Terrier. Se digitaliser devient essentiel pour maintenir l’interaction entre les collaborateurs, la direction et le management, mais également avec les membres du CSE. »

Qui dit CSE dit dialogue social, qui aura lui aussi, une place importante dans les entreprises.

La signature électronique d’accords et le vote à distance des élus seront également maintenus dans près de la moitié des cas (50 et 48% respectivement).

D’autres améliorations seront, elles, souhaitées par les dirigeants RH.

Parmi elles, on retrouve un enchaînement des réformes moins soutenu (61%), un meilleur support des institutions (56%) ou encore moins de consultations (40%).

Ces évolutions sont loin d’être étonnantes. La crise a révélé l’importance d’un dialogue social sain, et les risques qu’un dialogue perturbé pouvait représenter.

« Pour rappel, le CSE participe activement aux décisions autour des conditions du télétravail et du travail au quotidien, la validation du référentiel des risques psychosociaux... Dans les grandes entreprises, l’absence d’un accord CSE sur les conditions de travail des collaborateurs pourrait éventuellement engendrer des grèves voire un arrêt de la production! » explique Jessika Terrier.

Les entreprises continuent d’essuyer les conséquences de la crise sanitaire, le pire de la pandémie étant passé (on l’espère).

Toutefois, la crise aura tout de même apporté des évolutions attendues depuis longtemps au sein des sociétés (télétravail, digitalisation) et a mis de nombreuses entreprises sur la voie de la modernisation.

De nombreuses questions seront encore à aborder dans les prochains mois : comment assurer un modèle hybride favorisant la collaboration? Comment garantir l’égalité de traitement entre les employés travaillant à distance ou sur place?

La question de la vaccination amènera également son lot d’interrogations : quelle confidentialité des informations de santé des employés? Quid des salariés ne pouvant être vaccinés? La vaccination peut-elle devenir obligatoire?

Le monde du travail évolue rapidement, les réponses à ces questions valables aujourd’hui ne le seront peut-être plus dans un mois ou deux.